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Quand la technologie sert à sensibiliser au handicap

Une enquête de santé mentale montre une jeunesse de plus en plus sous pression


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Les résultats d’une grande enquête révèlent que la jeunesse est traversée par un mal-être certain. Ce constat qui concerne plus particulièrement les jeunes femmes, les plus précaires, et les habitants des Outre-mer est nourrie par un sentiment d’inquiétude générationnelle où le rôle des réseaux sociaux se révèle ambivalent. Malgré des progrès récents en matière de sensibilisation et d’offres d’accompagnement, l’accès aux soins reste compliqué.


Medscape - Stéphanie Lavaud - 9 septembre 2025


Echelle PHQ-9 dans le questionnaire


Alors que la période du Covid-19 a constitué un catalyseur exposant au grand jour la vulnérabilité psychique de la jeunesse aux prises avec un avenir incertain, un isolement social et une rupture des routines, la santé mentale des jeunes est devenue une priorité. Dans ce contexte, la Mutualité Française s’est associée à l’Institut Montaigne et à l’Institut Terram pour réaliser l’enquête  « Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités » .


Menée auprès de 5 633 personnes âgées de 15-29 ans représentatives de la population française, l’étude a couvert à la fois la métropole et les départements et régions d’Outre-mer (DROM). A noter que l’enquête comportait 23 questions visant à explorer différents aspects de la santé mentale des jeunes, ainsi qu’une échelle validée pour le dépistage des épisodes dépressifs : la PHQ-9 (Patient health questionnaire). Cette dernière est un auto-questionnaire standardisé reposant sur les critères du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).


Selon l’enquête, un jeune sur quatre (25 %) souffre de symptômes dépressifs


Les résultats dressent un constat préoccupant : selon l’évaluation réalisée dans l’enquête, un jeune sur quatre (25 %) souffre de dépression. Les inégalités territoriales sont particulièrement marquées. Ainsi, 39 % des jeunes ultramarins sont concernés, avec « des niveaux sans équivalent en Hexagone ».


Des données jugées « alarmantes et pas surprenantes » par le Pr Olivier Bonnot , pédopsychiatre de l’enfant et de l’adolescent interrogé par France Info qui précise toutefois que « 25% c'est probablement un peu surévalué pour parler de la maladie », considérant que « c'est sans doute deux fois surévalué ».


Il rappelle à ce titre que « la dépression, c'est une maladie », tandis que « les symptômes dépressifs c'est être triste, ne pas bien se nourrir, ne pas bien dormir, et avoir des idées suicidaires », notamment. Cette étude permet de « distinguer les symptômes dépressifs, qui sont évalués avec une grille très rigoureuse mais qui ne permet pas de faire le diagnostic de dépression », précise le pédopsychiatre (Université Paris-Saclay & Hôpital Barthélémy Durand, Etampes).


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Les femmes et les plus précaires davantage concernés


Et effectivement, si l’utilisation d’un questionnaire comme la PHQ-9, validé mais utilisé hors contexte médical, doit probablement amener à relativiser les pourcentages de « dépression », l’enquête – très complète par son approche globale, intégrant les dimensions sociales, économiques, culturelles, numériques et environnementales – met en évidence un réel mal-être de la jeunesse française.


Outre les inégalités territoriales, l’enquête souligne que « le genre constitue l’un des clivages les plus marqués dans les rapports à la santé mentale ».


Les jeunes femmes apparaissent plus intensément touchées, 27 % souffriraient de dépression contre 22% des jeunes hommes. L’écart est particulièrement significatif avant 22 ans (29% des femmes contre 19% des hommes) et tend à diminuer avec l’âge.

Par ailleurs, phénomène bien connu des spécialistes, la situation dans l’enfance crée un terrain de vulnérabilité durable : 35 % des jeunes ayant grandi dans un foyer considéré comme instable présentent un état dépressif contre 15% chez ceux issus d’un environnement stable.


Parmi les situations susceptibles d’influencer la santé mentale, figurent les conditions de vie et les conditions financières.


Les jeunes urbains sont un peu plus nombreux à montrer des signes de dégradation de leur santé mentale. 27% d’entre eux souffrent de dépression, contre 20% des jeunes ruraux et 64% des jeunes vivant dans une métropole disent s’être sentis tristes, déprimés ou désespérés au cours des 2 dernières semaines contre 59% dans le périurbain et 54% dans les zones rurales.


Pour les enquêteurs, ce différentiel pourrait s’expliquer notamment par la surreprésentation d’étudiants dans les espaces fortement urbanisés, plus exposés à la précarité et à l’isolement. Pour ce qui du statut financier, quelque 47% des jeunes en grande précarité souffrent de dépression.


Ultra-moderne solitude


La solitude constitue l’un des symptômes saillants du mal-être chez les jeunes. Près de la moitié des 18-34 ans (47%) se sentent exposés et vulnérables au risque de se sentir seuls, soit beaucoup plus que leurs aînés. D’ailleurs, la proportion de jeunes se déclarant en bonne santé mentale est nettement plus faible chez ceux qui estiment avoir une vie sociale peu active (43%) que parmi ceux qui la jugent riche (73%).


Un sentiment de solitude qui se révèle paradoxalement plus marqué dans les espaces fortement urbanisés, comme indiqué précédemment. Les territoires moins denses semblent offrir un environnement plus protecteur : 80% des jeunes ruraux ne sont pas atteints de dépression. Le stress de la vie urbaine (transports, bruit, pollution…) y est probablement pour quelque chose mais pas que…Pression à la performance, injonctions à la réussite, difficulté à concilier vie personnelle et vie professionnelle peuvent nourrir un déséquilibre, analyse l’enquête.


Quelque 87% des jeunes sont stressés par leurs études et 75% par leur travail. Parmi les jeunes souvent stressés, 33% (études) et 41% (travail) sont en dépression – selon la définition donnée par l’enquête –, contre respectivement 9% et 14% chez les jeunes peu ou pas stressés.


Ce stress est d’autant plus fort que la pression scolaire peut être exacerbée par les comportements agressifs et délétères de certains. Le harcèlement scolaire concerne plus d’un jeune sur deux (52%) : 31% en tant que victime directe, 23% en tant que témoin et 11% admettent avoir déjà eu des comportements blessants.

Des expériences qui laissent des traces profondes, parmi les jeunes harcelés 75% s’inquiètent pour leur avenir personnel contre 61% chez ceux qui ne l’ont pas été. Le fait que seuls 44% affirment n’avoir jamais été confrontés à une forme de harcèlement souligne l’ampleur du phénomène.


Connexion au réseau et déconnexion avec soi-même


Souvent incriminés pour leur impact délétère sur la santé mentale, les réseaux sociaux figurent souvent en bonne place parmi les facteurs de mal-être.


L’enquête montre, ici, que quelque 44% des jeunes passent plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux, 10 % y consacrent entre 5 et 8 heures. La corrélation entre usage et santé psychique est très nette : plus le temps d’écran augmente plus les troubles s’intensifient. 44 % de ceux qui y passent plus de 8 heures sont en dépression, 3 fois plus que ceux qui y passent moins d’1 heure (15%).


Mais quant à savoir si l’utilisation intensive des réseaux sociaux est une cause des difficultés psychiques des jeunes ou si elle est une manifestation d’un mal-être déjà présent, la science n’est pas encore en mesure de trancher précisément, reconnaissent les auteurs de l’étude.


Pour le Pr Bonnot « cette étude là le montre, il y a depuis une dizaine d'années un doublement de ce qui est soit symptômes dépressifs soit dépression chez les jeunes, et c'est ça qui est très inquiétant », pointe-t-il pour France info . « Ce qui est marquant, c'est qu'il y a un doublement de l'impression d'isolement et de solitude. Ce qui est certain c'est que les réseaux sociaux ont un rôle ».


Peur pour l’avenir et écoanxiété


Enfin, last but not least, la peur de l’avenir est véritablement un autre fléau des temps modernes. Quelque 94% des jeunes interrogés se disent inquiets pour au moins un enjeu majeur : leur avenir personnel pour 68% et l’actualité internationale pour 83% d’entre eux. Enfin, l’éco-anxiété flambe, avec 77% des jeunes interrogés qui s’inquiètent de la crise environnementale.


Dans une récente interview au Monde , pour justifier du fait que les services de santé universitaire continuent – 5 ans après la pandémie – à être submergé par la demande d’étudiants en souffrance, le Pr Christophe Tzourio, épidémiologiste à Bordeaux considérait que « la pandémie et les confinements ont laissé des traces, mais ces générations sont confrontées à une somme de problèmes assez unique entre la crise climatique et la disparition des espèces, les crises économiques, et maintenant les guerres… » Sans oublier les difficultés à se loger ou tout simplement à se nourrir…


Un accès aux soins encore compliqué


Alors que plusieurs mesures ont été mises en œuvre par les acteurs publics et privés comme la création du dispositif Santé Psy Etudiant, mon Soutien Psy, ou encore la prise en charge de consultations par des psychologues, l’enquête montre que seuls 38% des jeunes ont déjà parlé de leur santé mentale à un professionnel de la santé.


Fait marquant : 19 % de ceux qui ressentent le besoin de consulter ne l’ont pas fait. Un quart de ces derniers ont déclaré ne pas oser franchir le pas ou ont eu peur du jugement ou de la stigmatisation.


A cela s’ajoutent les freins financiers : 17% mentionnent le coût comme principale raison du renoncement. Mais des jeunes renoncent aussi par scepticisme sur l’efficacité même de la démarche thérapeutique : 18% estiment que consulter ne les aurait pas aidés.

Pourtant, la prise de parole dans l’espace public sur la santé mentale progresse.


Les trois quarts des jeunes (76%) déclarent avoir été sensibilisés à la santé mentale, dont seuls 20 % par leur établissement scolaire. Le monde médical ne joue pas un rôle plus actif : 19% des jeunes ont été sensibilisés par un médecin ou un professionnel de santé et 11% pas des associations spécialisées.


La sensibilisation prend visiblement d’autres canaux : 31% citent les réseaux sociaux comme première porte d’entrée à de l’information sur la santé mentale, avec les risques que cela comporte puisque plus de la moitié des contenus de santé mentale sur TikTok (52%) contient de la désinformation, selon une récente étude citée par les enquêteurs.


Questionnées dans l’étude, les attentes exprimées par les nouvelles générations sont claires : faciliter l’accès aux soins, en limiter les coûts, renforcer les actions de prévention et de sensibilisation, mieux diffuser l’information, mais aussi développer des leviers de bien-être au quotidien, tels que le sport ou les activités de sociabilité, conclut l’analyse.



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